Bienvenue au dernier volet de notre trilogie « Investir pour réaliser ses objectifs ». La partie 1 vous a expliqué ce que vous deviez savoir sur les CELI, et la partie 2, tout ce vous deviez savoir sur les comptes REER.
Maintenant que vous savez en quoi consistent un CELI et un REER, peut-être vous demandez vous : « quel type de compte convient le mieux à ma situation particulière? ».
Comme une panoplie de facteurs doivent être pris en considération au moment d’établir un objectif de placement, notamment l’horizon de placement, le revenu actuel et futur, les incidences fiscales et les droits de cotisation inutilisés, nous n’avons (malheureusement) pas une réponse simple et évidente à vous donner. Nous pouvons toutefois vous conseiller et orienter votre réflexion pour vous aider à choisir la stratégie qui convient le mieux à votre situation.
1) Avez-vous accumulé des droits de cotisation à un CELI?
Si oui, nous vous encourageons à maximiser d’abord les cotisations à votre CELI. Vous pourrez ainsi retirer ces fonds ultérieurement sans pénalité fiscale, et les revenus de placement ainsi que les gains en capital produits dans le compte seront exempts d’impôt.
Investir en premier dans un CELI est d’autant plus pertinent lorsqu’on est jeune ou en début de carrière. Notre point est que, même si vous commencez à accumuler des droits de cotisation à un REER dès que vous touchez un revenu, il est préférable d’utiliser ces droits pendant les années au cours desquelles vous aurez gagné un revenu plus élevé. Continuez votre lecture jusqu’au no 5, car nous discutons de la question encore plus en détail.
Deux exceptions peuvent s’appliquer, toutefois, à cette recommandation. Par exemple, si, au cours d’une année, vous gagnez un revenu supérieur à la moyenne et que vous êtes certain que votre revenu sera inférieur à l’avenir. Vous pourriez vous attendre à une baisse de revenu pour différentes raisons, notamment un congé sabbatique, un départ à la retraite ou encore un congé parental. Dans ce cas, vous pourriez choisir de cotiser à un REER dès maintenant et 1) bénéficier d’un avantage fiscal alors que vous êtes assujetti à un taux d’imposition élevé et 2) retirer éventuellement ces fonds lorsque votre taux d’imposition sera moindre. Nous disons bien que vous « pourriez » faire un tel choix, sachant que le fait de retirer des sommes de votre REER, le cas échéant, vous fera perdre ces droits de cotisation et que vous recommencerez à en accumuler que si vous touchez un revenu par la suite, sachant également que vous serez tenu de payer de l’impôt sur les sommes retirées de votre REER ; raison pour laquelle ce type de compte est souvent décrit comme un régime « à impôt différé ». Idéalement, un contribuable cotisera à un REER pendant les années au cours desquelles son taux d’imposition est plus élevé, puis retirera des sommes de son REER lorsqu’il sera assujetti à un taux d’imposition moindre.
2) Vous achetez une maison ou retourner aux études? Cotisez d’abord à un CELI, et ensuite à un REER.
Il est possible aux termes d’un REER de retirer des sommes sans pénalité lorsque celles-ci servent à acheter une première maison (Régime d’accession à la propriété) ou à effectuer un retour aux études à temps plein (Régime d’encouragement à l’éducation permanente). Vous vous demandez donc sans doute pourquoi nous recommandons de cotiser à un CELI avant de cotiser à un REER, si vos objectifs sont justement d’acheter une première maison ou de retourner aux études. Votre curiosité est justifiée, mais nous avons une excellente raison de vous recommander ceci.
Le CELI a été créé en 2009, plus de 50 ans après l’introduction du REER. Le Régime d’accession à la propriété (RAP) et le Régime d’encouragement à l’éducation permanente (REEP), créés en 1992, ont vu le jour plus de 25 ans avant la création du CELI. Même si le RAP et le REEP ont précédé le CELI, et ont leur raison d’être, ils ne constitueraient pas notre premier choix si l’objectif est d’épargner pour l’achat d’une maison ou retourner aux études.
Mais pourquoi donc? Le Régime d’accession à la propriété et le Régime d’encouragement à l’éducation permanente sont assortis de conditions bien précises qui doivent être satisfaites pour qu’un retrait puisse être effectué sans que les sommes soient considérées comme un revenu. Les sommes retirées sont en outre plafonnées et doivent être remboursées. En fait, les sommes retirées d’un REER aux termes du RAP ou du REEP ne constituent ni plus ni moins qu’un prêt sans intérêt que vous vous accordez à vous-même. Ce qui n’est pas un mauvais choix en soi, mais le CELI est plus intéressant.
Aux termes d’un CELI, il est possible de retirer des sommes à tout moment, pour quelque raison que ce soit. Aucune condition ne s’applique et aucun remboursement n’est exigé. De plus, les retraits effectués d’un CELI sont exempts d’impôt. Le CELI offre une plus grande flexibilité que le RAP et le REEP. Il faut savoir également que l’intégralité des sommes qui auront été retirées pourra être réinvestie dans un CELI à compter de l’année civile qui suivra l’année du retrait.
Par contre, si vous avez maximisé votre CELI, le REER représente une excellente deuxième option pour faire fructifier votre épargne si vous envisagez de recourir à un RAP ou à un REEP. Tous les revenus produits à l’intérieur de votre REER fructifient en franchise d’impôt, ce qui permet à votre épargne de grossir plus rapidement.
3) Une cotisation modeste vous permettrait-elle d’être assujetti à un taux d’imposition moindre? Cotisez à un REER
Si vous gagnez environ 50 000 $ (47 630 $, pour être plus précis) ou plus, il pourrait être judicieux de savoir quel taux d’imposition s’applique à vous, dans la mesure où une cotisation dans un REER réduira votre revenu imposable, et pourrait effectivement vous faire passer à une tranche d’impôt inférieure et donc vous donner droit à un remboursement d’impôt plus élevé.
Selon le taux d’imposition qui s’applique à vous, vous pourriez être surpris à quel point une petite cotisation à un REER pourrait vous faire épargner gros.
Examinons deux scénarios différents, pour une personne qui touche un revenu de 75 000 $ et qui habite en Ontario. (Le résultat sera semblable ailleurs au Canada et votre province est tout aussi incroyable!). Tous les calculs supposent que nous avons déduit le montant personnel de base provincial et fédéral.
Scénario 1 : Vous n’avez pas un plan d’épargne périodique ou vous ne connaissez pas le taux d’imposition qui s’applique à vous. Vous gagnez 75 000 $ par année. L’impôt à payer serait établi comme suit :
Revenu d’emploi | 75 000 $ |
---|---|
Moins : cotisation à un REER | - (aucun) |
Revenu imposable | 75 000 $ |
Impôt fédéral | Impôt à payer |
---|---|
15 % sur la première tranche de 47 630 $ | 7 145 $ |
20,5 % sur la tranche suivante de 47 629 $ | 5 611 $ |
Sous-total | 12 755 $ |
Moins : Montant personnel de base | 1 810 $ |
Impôt fédéral à payer | 10 945 $ |
Impôt provincial | Impôt à payer |
---|---|
5,05 % sur la première tranche de 43 906 $ | 2 217 $ |
9,15 % sur la tranche supérieure à 43 906 $, jusqu’à concurrence de 87 813 $ | 2 845 $ |
Sous-total | 5 062 $ |
Moins : Montant personnel de base | 534 $ |
Impôt provincial à payer | 4 528 $ |
Total de l’impôt sur le revenu à payer | 15 473 $ |
Scénario 2 : Vous avez un plan d’épargne périodique qui n’a pas de véritable impact sur votre mode de vie, disons 75 $ par semaine. Vous aviez lu il y a un certain temps ce document préparé par RBC Investi-Clic et aviez réalisé que vous étiez passé à une tranche d’impôt supérieure. (Dans ce scénario, votre revenu annuel est toujours de 75 000 $.) Votre cotisation de 75 $ par semaine vous permet d’épargner 3 900 $ par année. L’impôt à payer serait établi comme suit :
Revenu d’emploi | 75 000 $ |
---|---|
Moins : cotisation à un REER | 3 900 $ |
Revenu imposable | 71 100 $ |
Impôt fédéral | Impôt à payer |
---|---|
15 % sur la première tranche de 47 630 $ | 7 145 $ |
20,5 % sur la tranche suivante de 47 629 $ | 11 956 $ |
Moins : Montant personnel de base | 1 810 $ |
Impôt fédéral à payer | 10 146 $ |
Impôt provincial | Impôt à payer |
---|---|
5,05 % sur la première tranche de 43 906 $ | 2 217 $ |
9,15 % sur la tranche supérieure à 43 906 $, jusqu’à concurrence de 87 813 $ | 2 488 $ |
Sous-total | 4 706 $ |
Moins : Montant personnel de base | 534 $ |
Impôt provincial à payer | 4 171 $ |
Total de l’impôt sur le revenu à payer | 14 317 $ |
L’impôt exigible selon le scénario no 2 est de 1 156 $ de moins que dans le scénario no 1! En ayant simplement pris l’habitude de cotiser 75 $ par semaine, il vous reste 1 072,20 $ de plus dans vos poche!
Et il y a encore mieux, il vous appartient à vous d’utiliser ces 1 072,20 $ comme bon vous semblera! Bien entendu, nous aimerions beaucoup apprendre que vous avez décidé d’investir ce montant dans un REER ou dans un CELI. Mais vous êtes humains après tout, sortez dîner et n’épargnez qu’une partie de ces économies, ou mettez-les de côté pour vos prochaines vacances. Prendre cette habitude vous a permis de garder plus d’argent dans vos poches.
4) Vous êtes dans vos années « pics » en matière de revenu et souhaitez épargner en vue de votre retraite? – Choisissez un REER.
Cette section démontre à l’exception du scénario no 2. Nous avons vanté les mérites du CELI pour sa grande flexibilité précédemment dans ce texte, mais le REER comporte lui aussi des avantages. Comme le démontre l’exemple no 4, il est possible de réaliser des économies d’impôt substantielles en cotisant à un REER. Vous aurez fait un excellent travail, si vous réussissez à cotiser à votre REER pendant les années au cours desquelles votre revenu aura été le plus élevé et commencez à retirer les sommes cotisées après votre départ à la retraite! Tous les gains produits à l’intérieur de votre REER se seront donc accumulés à l’abri de l’impôt, et ce n’est qu’au moment de les retirer qu’ils seront traités comme un revenu.
Le volume des droits de cotisation inutilisés pourrait par ailleurs constituer une autre bonne raison de cotiser à un REER pendant les années « pics » en matière de revenu. Pour la majorité des gens, leur capacité à mettre de l’argent de côté pendant les années au cours desquelles ils gagneront un revenu plus élevé dépassera le montant de leurs droits de cotisation inutilisés au CELI. Comme nous vous encouragerons toujours à épargner plus que moins, utiliser une partie de vos fonds excédentaires, ou la totalité, pendant ces années pour cotiser dans votre REER, à la condition que votre objectif soit d’épargner pour la retraite, pourrait être judicieux.
5) Serez-vous tenté, grâce à la flexibilité que procure un CELI, de succomber à l’envie de vous gâter? – Choisissez un REER.
Nous agissons peut-être comme des conseillers-robots au moment de faire des affaires, mais, en fin de compte, nous sommes humains nous aussi (sans blague!). La possibilité de retirer les sommes investies dans un CELI à tout moment pourrait faire en sorte qu’il soit plus difficile de résister à certaines tentations. Si vous cherchez à épargner en vue de la retraite en investissant dans un CELI, mais pensez que la tentation d’utiliser ces sommes pour partir en vacances ou acheter un nouveau véhicule pourrait être trop forte, il vaudrait sans doute mieux pour vous que vous investissiez dans un REER. Les sommes retirées d’un REER (autrement que dans le cadre d’un RAP ou d’un REEP) seront imposées au même titre qu’un revenu ordinaire et assujetties à une retenue d’impôt du gouvernement, voilà qui pourrait suffire à dissuader bon nombre de Canadiens d’utiliser leur épargne-retraite durement gagnée pour faire des achats impulsifs.